François Ozon met le doigt là où ça fait mal. Comme toujours. Après Jeune & Jolie, il signe un film encore plus troublant, en rapport frontal avec l’actualité sur les questions de genre. Une nouvelle amie, tel un parfum de femme envoûtant, s’impose… « comme une évidence ».
Suite au décès de sa meilleure amie, Claire tente de remonter la pente tant bien que mal. Elle avait promis de veiller sur le mari de la défunte, David, et leur bébé, Lucie. Une découverte surprenante au sujet de David va redonner à Claire le goût de la vie, mais aussi la troubler au plus haut point…
Adapté de la nouvelle Une amie qui vous veut du bien écrit par Ruth Rendell en 1985, Une nouvelle amie brise les tabous par sa proclamation de la différence et de la féminité. Comme à son habitude, Ozon ose. En quelques minutes, le prologue est bouclé. Très vite, le cinéaste nous amène au cœur du sujet : le travestissement d’un homme. D’abord pour compenser l’absence d’une épouse disparue, mais finalement, pour accepter cette nouvelle identité jusqu’ici étrangère : celle de la femme.

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Après le chamboulement, les questions, qui se déversent en cascade dans la tête du spectateur : questions sur l’égalité des genres, la notion de féminité (au cinéma comme dans la vraie vie) et les troubles de l’identité, que François Ozon aborde avec une certaine crudité pour mettre fin aux préjugés. Dans un contexte social chamboulé par ces mêmes réflexions, le réalisateur tape en plein dans le mille. De quoi en émoustiller plus d’un.
Mais ce n’est pas tout. François Ozon a trouvé l’acteur idéal pour incarner Virginia : Romain Duris, époustouflant dans son rôle d’homme travesti, repousse les limites de son jeu d’acteur et assume pleinement son image de femme à l’écran.
Oscillant entre le drame et la comédie, Une nouvelle amie ne se présente pas comme « un énième film dérangeant réalisé par François Ozon », mais comme une incitation à l’ouverture d’esprit, une ode à l’évolution des mœurs, un appel à une réflexion profonde sur les changements de notre société. Car non, François Ozon ne se contente pas seulement de nous perturber : il soulève de vraies problématiques, à travers un cinéma cru et percutant. C’est pour ça qu’on l’aime.
14+ /20

Fanny BL
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