Ma critique en version sonore, c’est juste ici :
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A 91 ans bien tassés, Clint Eastwood réalise un 39ème film, Cry Macho, et interprète à nouveau le premier rôle, à travers une histoire très personnelle. Le cinéaste répète à cor et à cri qu’il ne veut toujours pas prendre sa retraite… Alors, s’agira-t-il de son dernier ? Seul l’avenir nous le dira… mais à voir le résultat de celui-ci, on sent que toutes les cartouches sont épuisées.
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Mike Milo (Clint Eastwood), star déchue du rodéo, se voit confier une mission par son ancien patron, Howard Polk (Dwight Yoakam) : se rendre au Mexique pour y trouver son fils, Rafa (Eduardo Minett), et le ramener au Texas. Mike est obligé de rendre ce service pour effacer une dette. Commence alors un long périple, au cours duquel le vieil homme devra affronter la police, et la pègre mexicaine, chapeauté par la mère de l’adolescent.
Cry Macho fait figure de film-miroir de Clint Eastwood : adaptée d’un roman éponyme écrit par N. Richard Nash, l’histoire se passe à la fin des années 1970, époque à laquelle le cinéaste alternait entre des westerns et des polars en tant qu’acteur, tout en passant de plus en plus souvent derrière la caméra. L’histoire de Cry Macho met en scène une ancienne star en fin de carrière. Bien que le projet de ce film ait émergé il y a plus de 40 ans, ce n’est plus Mike Milo que nous avons en face de nous, mais bien Clint Eastwood lui-même.

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Comme dans Gran Torino et Million Dollar Baby, Clint Eastwood incarne ici une figure paternelle qui pourrait remplacer la vraie famille du héros, et « explique la vie » à ce dernier, en général un jeune en perdition, complètement délaissé, mais doté d’une grande force intérieure. Cet aspect du scénario est plutôt touchant, et les personnages, attachants, même si on a cette impression de déjà-vu dans le cinéma de Clint Eastwood. Le personnage du coq renforce le côté « mignon » de l’histoire : il est drôle, imprévisible, et peut même parfois sauver les protagonistes dans des situations délicates.
…Justement, les personnages ne semblent jamais vraiment s’inquiéter de leur sort. Il n’y a jamais de gros suspense ni de rebondissement : tout est un peu mou et sans âme. C’est tranquille et pépère, à l’image d’un réalisateur âgé, en fin de carrière. Ce doyen du cinéma n’a plus rien à prouver : on a l’impression que s’il fait encore des films, c’est juste « pour la forme ».
Dans Cry Macho, on sent également que tout est un peu trop écrit : il n’y a pas de spontanéité dans le jeu des acteurs, le pire étant celui d’Eduardo Minett, qui incarne Rafa. L’adolescent de 15 ans fait ici ses premiers pas sur grand écran, mais joue franchement mal… A chacune de ses répliques, sa prestation sonne faux.

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Même si on est bien loin des films du début des années 2000 de Clint Eastwood en tant que réalisateur (Mystic River, Million Dollar Baby, L’Echange) qui possédaient une vraie âme, on ressent toujours beaucoup de bienveillance au visionnage de Cry Macho, et on admire sincèrement le travail du cinéaste américain et sa capacité à rester debout – dans tous les sens du terme – pour continuer de réaliser des films et y jouer, à un âge aussi avancé.
Du point de vue de L’Oreille Cinéphile, Cry Macho marque le point final d’une carrière colossale de plus d’un demi-siècle d’histoire de cinéma, entamée donc dans les années 1950, si on prend en compte le travail d’acteur de Clint Eastwood. C’est une évidence : ce grand monstre sacré du cinéma est arrivé au bout… Et il faut parfois savoir s’arrêter quand il est encore temps.
11 / 20
Fanny BL

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