« La Brigade » de Louis-Julien Petit : La critique du film + L’interview de l’équipe

Conditions de tournage, thèmes du film, Festival de comédie de l’Alpe d’Huez… On a rencontré Audrey Lamy, Fatou Kaba et Amadou Bah !

.

« La Brigade » de Louis-Julien Petit : Ode à l’acceptation de l’autre

Après le gaspillage alimentaire dans Discount et la précarité des femmes sans domicile fixe dans Les Invisibles, Louis-Julien Petit s’attaque à un autre sujet sérieux à travers la comédie : la crise migratoire en France. Un film léger en apparence, mais qui comporte un vrai message aux accents politiques.

.

Depuis toute petite, Cathy Marie (Audrey Lamy), cheffe étoilée, rêve d’ouvrir son propre restaurant. Mais à 40 ans, rien ne s’est passé comme prévu, et elle se retrouve contrainte d’accepter un poste de cantinière dans un foyer pour jeunes migrants géré par Lorenzo (François Cluzet). Est-ce vraiment la fin de tout ?

Qu’est-ce que le mot « migrant » vous évoque aujourd’hui en tant que Français ou Française ? « Jungle de Calais » ? « Pire cauchemar d’Eric Zemmour » ? « Laissé-pour-compte » ? Au visionnage de La Brigade, on peut en conclure que cette dernière option correspond totalement à la vision de Louis-Julien Petit. Le cinéaste met le doigt sur ce sujet toujours très touchy, et dresse le portrait d’une femme ordinaire face à un groupe de jeunes migrants, pour déconstruire les idées reçues.

L’immigration est en effet bien souvent dépeinte sous son angle le plus sombre, avec des récits dramatiques d’hommes, de femmes et d’enfants venus d’autres pays, qui se retrouvent forcément dans des situations d’échec, de misère ou de mort. Mais qu’en est-il de celles et ceux qui réussissent ? Louis-Julien Petit s’est posé la question, et inverse la tendance, pour adopter un discours optimiste sur cette tranche de la population.

A gauche : Audrey Lamy © Stéphanie Branchu

.

Pour raconter son histoire – d’après une idée originale de la co-scénariste Sophie Bensadoun -, le réalisateur choisit le point de vue d’une héroïne en apparence prétentieuse, qui cache en fait une grande sensibilité. Cathy est obsédée par une seule chose : l’ouverture de son restaurant étoilé. La réussite, le succès et la vengeance sur sa principale concurrente sont les seuls désirs qui l’animent. Sa rencontre avec des mineurs étrangers isolés va bouleverser ses convictions, aussi bien que celles du spectateur dans la salle. Le cinéaste appelle ce dernier à l’acceptation de l’autre, la solidarité et l’empathie. Car finalement, pour mieux comprendre un individu, il faut d’abord apprendre à connaître son parcours et son histoire.

Dès les premières scènes, La Brigade comporte de nombreux comiques de situation, sans basculer dans l’hilarité ou le grotesque. Il ne s’agit donc pas d’une comédie à l’état pur, mais d’un film traitant d’un sujet sérieux avec un humour simple et plein d’humilité, qui n’emprunte jamais le chemin de l’apitoiement. La métaphore de la brigade de cuisine avec une équipe de football fonctionne bien, et s’inscrit dans cette dynamique joyeuse et inspirante.

Yannick Kalombo dans le rôle de GusGus © Stéphanie Branchu

.

Louis-Julien Petit avait fait de même avec des femmes SDF pour Les Invisibles : les personnages de migrants dans La Brigade sont incarnés par des acteurs non professionnels. Parmi la quarantaine de jeunes retenus pour jouer ou figurer dans le film, on retiendra surtout la prestation lumineuse de Yannick Kalombo, alias GusGus, la mascotte du foyer. L’histoire de La Brigade se prolonge alors dans la réalité, puisque le film nous montre, à travers ce casting, que de « vrais » migrants ont réussi à faire du cinéma.

Le scénario de La Brigade est tout de même émaillé de quelques incohérences, ou manque parfois de réalisme. Par exemple, on se demande bien comment Lorenzo (François Cluzet) fait pour payer un repas à tous les mineurs de son foyer dans un restaurant chic, alors qu’au début du film il affirmait ne disposer que de huit euros par jour et par migrant. En revanche, les scènes du concours de cuisine télévisé ressemblant trait pour trait à « Top Chef » sont plus réalistes en montrant l’envers du décor, et dénoncent avec brio le côté sensationnel de la télévision.

Dans La Brigade, le rire laisse parfois place à l’émotion, et l’intrigue pose les bonnes questions sur cette problématique importante de l’immigration en France. Véritable prise de conscience pour certains, simple piqûre de rappel pour d’autres… Louis-Julien Petit montre dans tous les cas la réalité du parcours du combattant de ces jeunes, de leur arrivée chez nous jusqu’à leurs efforts pour s’intégrer, en passant par la menace de l’expulsion. Un film qui vaut clairement le coup d’œil.

14 / 20

Fanny BL

François Cluzet dans le rôle de Lorenzo © Stéphanie Branchu

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :