Après The Queen en 2006, Stephen Frears revient au biopic avec The Program, basé sur la vie du cycliste américain Lance Armstrong. Ben Foster ne se contente pas de « jouer » le sportif : il l’incarne complètement. Et sauve le film.
Le 22 octobre 2012, le champion du Tour de France Lance Armstrong est reconnu coupable de dopage. The Program retrace le parcours de l’auteur du plus grand scandale de l’Histoire du sport. Adapté du livre Sept péchés capitaux : ma poursuite de Lance Armstrong du journaliste David Walsh, The Program passe rapidement sur les débuts difficiles du cycliste – ses premières courses et son cancer – pour se concentrer sur ses heures de gloire.
The Program ne s’adresse pas qu’aux fans du Tour de France : il cherche à raconter le « phénomène Armstrong » et nous instruit sur son vécu. Stephen Frears (Philomena) est totalement fasciné par le personnage : il filme ses séances de dopage et de cyclisme avec gourmandise. Il déroule le fil de sa vie de façon linéaire et insère quelques images d’archives : la dimension réaliste du récit est accrue. Le tout est agrémenté d’une B.O. rock composée, entre autres, de Radiohead et des Ramones. Mais cela est-il suffisant ?

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Le film s’articule autour de la double-personnalité de Lance Armstrong : d’un côté, le champion de sport adulé, vainqueur de la maladie et promoteur de la lutte contre le cancer. De l’autre, un immense escroc, qui s’entraîne tous les jours devant sa glace à déclarer avec assurance : « Je n’ai jamais été contrôlé positif à des produits dopants », le rictus aux lèvres.
Heureusement pour Frears, Ben Foster (X-Men l’affrontement final) interprète à merveille Lance Armstrong. En plus de ressembler physiquement au personnage, il l’habite complètement, suscitant à la fois l’admiration et la crainte. Il réussit pleinement sa transformation d’être humain faiblard en monstre injecté de drogue. Le film doit donc surtout son intérêt à son jeu d’acteur, sans compter les prestations de Chris O’Dowd (David Walsh) et Guillaume Canet – dans la peau du médecin-savant fou Michele Ferrari -, impeccable pour l’un, surprenante pour l’autre.
Stephen Frears aurait pu creuser davantage l’aspect psychologique du sportif. Hormis l’évocation d’un mariage et d’enfants, on ne sait rien de sa vie personnelle et intime, ni précisément ce qui l’a poussé à devenir un grand tricheur. Si ce n’est, bien sûr, la quête ultime de la victoire. Il aurait été intéressant d’en savoir plus sur cet homme si singulier, dont l’esprit malhonnête a mis tant de temps à émerger.
13,5/20

Fanny BL
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