« Ave, César ! » : Les clowneries de Joelus et Ethanus

Après Inside Llewyn Davis (2013), Joel et Ethan Coen reviennent à la comédie avec le pimpant Ave, César ! Les frères cinéastes détournent les studios hollywoodiens des fifties en utilisant leurs meilleures armes : l’humour, la satire et l’autodérision. Ave, César ! L’Oreille Cinéphile te salue !

Eddie Mannix (Josh Brolin) est « fixer » chez Capitole Pictures, l’un des plus grands studios de cinéma à l’âge d’or d’Hollywood. Il est chargé de régler tous les problèmes des stars et les soucis de tournages. En pleine préparation du péplum « Ave, César ! », il devra élucider le kidnapping de la plus grande vedette du studio, Baird Whitlok (George Clooney). 

Comme à leur habitude dans les comédies, les frères Coen ne se prennent pas au sérieux une minute. La scène d’ouverture donne le ton : dans un confessionnal, un homme avoue au prêtre qu’il a péché… Son « crime » ? Il a fumé deux cigarettes alors qu’il avait promis à sa femme d’arrêter ! Dans Ave, César !, qu’il s’agisse d’un Channing Tatum en « Fred Astaire communiste », d’un George Clooney en grande star étourdie, ou de scènes faussement tragiques, tout est caricatural, grotesque, loufoque. En somme, un film typiquement coenien.

A mi-chemin entre la dénonciation et l’hommage, les réalisateurs proposent un regard sur l’industrie du cinéma dans les années 1950, à travers un patchwork de genres cinématographiques : péplum, comédie musicale, romance, western, ballet nautique. La religion en prend – encore – pour son grade : on pense aux chefs de communautés religieuses qui débattent sur la paternité de Dieu et sur la bonne adaptation de la Bible à l’écran. Le contexte politique de l’époque est lui aussi montré du doigt, avec l’opposition entre capitalisme et communisme.

George Clooney dans le rôle de Baird Whitlock

Malgré toutes ces bonnes idées, l’ennui pointerait presque. A force de faire du Coen, les coen finissent par manquer d’originalité sur le plan scénaristique. Kidnapping, demande de rançon, anti-héros totalement à côté de la plaque… L’intrigue rappelle trop celle de The Big Lebowski. Le reste se résume à des « films dans le film » et aux caprices des stars. C’est finalement le plus intéressant, grâce à une judicieuse mise en abyme et un casting de choix : en plus de Josh Brolin, George Clooney et Channing Tatum, les prodigieux Ralph FiennesScarlett Johansson et Tilda Swinton s’ajoutent à l’affiche.

Vous l’aurez compris : Ave, César ! garde un intérêt certain puisqu’il remplit sa principale mission : faire rire. Mais le film est loin de constituer la plus belle oeuvre des Coen. Espérons que le duo proposera autre chose que des pastiches de genres cinématographiques et des scénarios répétitifs. Espérons qu’ils nous épateront encore, sans abuser des paillettes.


14/20

Ave, César ! a été présenté en ouverture du 66e Festival de Berlin

Fanny BL

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