« Never Rarely Sometimes Always » : Un « problème de filles »

Écoutez tout d’abord le podcast ci-dessous !

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Une femme qui tombe enceinte sans le vouloir en 2020, même à l’âge de 17 ans, cela paraît moins grave aujourd’hui… Elle se dit qu’il y aura toujours une solution, des moyens mis en œuvre pour l’aider… Et surtout, qu’elle aura la liberté de mettre fin à cette grossesse non désirée, sans culpabiliser, ni en payer le prix fort… Et pourtant, il existe de nombreux pays ou États dans lesquels c’est encore un gros problème. C’est le cas en Pennsylvanie, aux États-Unis, où se déroule l’action de Never Rarely Sometimes Always, ce drame adolescent réalisé par Eliza Hittman. Dans cet État, une femme mineure doit obtenir l’accord de ses parents pour se faire avorter.

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La cinéaste a commencé des ébauches de scénarios en 2012, suite à l’investiture de Donald Trump, qui se servait de son opposition à l’avortement pour conquérir la droite religieuse durant sa campagne. Mais le véritable déclic, elle l’a eu en 2017, quand il a été élu président des États-Unis. Elle décide alors de mettre Autumn dans cette situation très délicate, après avoir vécu un événement dramatique, probablement un viol.

L’héroïne du film, brillamment interprété par la débutante Sidney Flanigan, est obligée de partir à New York pour subir l’opération, et sera uniquement aidée par sa cousine Skylar (Talia Ryder). Commence alors un long cheminement, à la fois physique et mental, au cours duquel les deux cousines seront confrontées à plusieurs difficultés, dont celle, anormale, d’être des jeunes femmes seules, dans un monde régi par la domination masculine. Ce qui frappe, c’est la complicité très forte entre ces deux personnages, Autumn et Skylar : elles ne ressentent jamais le besoin de se parler. Elles se comprennent, tout simplement. Cette quasi-absence de dialogue frappe le spectateur, et l’invite un peu plus à réfléchir à la douleur ressentie par l’héroïne.

Sidney Flanigan et Talia Ryder dans les rôles d’Autumn et Skylar

S’y ajoute une bonne dose de réalisme : les manifestants « pro-vie » (autrement dit, défendant le droit à la vie) postés devant la clinique où se rend Autumn pour se faire avorter existent pour de vrai : aux États-Unis, ces groupes ont l’habitude de se rassembler – en toute légalité – une fois par mois devant les cliniques qui pratiquent ce genre d’opération… Une scène qui fait monter d’un cran le sentiment d’injustice.

Never Rarely Sometimes Always nous rappelle que le sujet du droit à l’avortement est plus que jamais d’actualité, et loin d’être résolu, à l’heure où de nombreux pays remettent en cause la pratique de l’IVG. A défaut de changer complètement les mentalités, ce film aura forcément une résonance particulière sur les consciences. Il a en tous cas marqué les esprits dans les festivals, puisqu’il a décroché le Grand Prix du jury à la 70ème édition de la Berlinale en février 2020, et a été très acclamé à Sundance, un mois plus tôt. Et on applaudit nous aussi.

18/20

Fanny BL

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