« Petit pays » d’Eric Barbier : Le paradis perdu de Gaby

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Tout n’est qu’une histoire de nez, finalement. De nez trop gros ou trop petit. C’est de là qu’est parti le massacre des Tutsis par les Hutus, du moins comme le résume ironiquement Michel (Jean-Paul Rouve), le père de Gaby (Djibril Vancoppenolle), dans Petit Pays. Eric Barbier (La Promesse de l’Aube) pousse d’ailleurs le symbole un peu plus loin, avec la scène de visionnage du film Cyrano de Bergerac à l’école, qui entraîne une bagarre entre deux élèves issus de ces deux groupes de population.

Adapté du roman éponyme de Gaël Faye, Petit Pays raconte donc ce pan de l’Histoire si souvent oublié survenu au Burundi et au Rwanda au début des années 1990, à travers les yeux d’un enfant de 10 ans. Exit le récit à la première personne : Eric Barbier choisit la narration linéaire, simple. Les faits, rien que les faits. Il va tout de suite à l’essentiel, et nous plonge directement dans les souvenirs du jeune héros, les bons comme les mauvais.

Les petits acteurs Djibril Vancoppenolle et Delya De Medina, dans les rôles de Gaby et Ana, sont beaux comme des astres, et très convaincants dans leur jeu déjà très mature. On arrive à ressentir leur angoisse face à ce monstre bruyant qu’est la guerre, avec ses coups de feu incessants qui les réveillent la nuit, et finissent par devenir un élément central du décor. Au-delà de la souffrance causée par la séparation de leurs parents, Gaby et sa sœur vont devoir affronter des douleurs bien plus grandes : le déchirement entre deux pays – dont le leur -, l’adieu à une vie d’insouciance, et plus tard, la gestion d’une mère psychologiquement détruite par cette guerre (impeccablement jouée par Isabelle Kabano).

Djibril Vancoppenole dans le rôle de Gaby

Autres thèmes fort de ce film : la haine et la vengeance, toujours racontées à l’échelle des enfants, avec une scène particulièrement éprouvante pour expliquer l’absurdité des guerres de clans, quelles qu’elles soient.

Malgré quelques rares longueurs, Petit Pays est très bien réalisé, et fait preuve d’une grande fidélité vis-à-vis du récit original. Au-delà de son aspect pédagogique, du style « Ouvrez vos cahiers d’école, rubrique Histoire », le film fait preuve d’un grand charme exotique grâce à une superbe photographie et une musique africaine envoûtante. Il permet de montrer une autre facette du Burundi : la richesse de sa culture, de sa langue et de ses traditions.

16/20

Fanny BL

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