Podcast : Origines, thème du film, animation 2D et 3D… Alexandre Siqueira nous dit tout !
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Purpleboy : Le long combat de la recherche d’identité
L’épanouissement personnel : tel est le point de départ de Purpleboy, premier court-métrage d’animation professionnel d’Alexandre Siqueira. Le réalisateur portugo-brésilien aime les sujets d’actualité, engagés. C’est donc presque naturellement que sont arrivés les autres thèmes de son film : la recherche d’identité et son acceptation par les autres. En découle la transidentité : un sujet complexe, abordé ici avec ardeur et poésie.
Oscar est un enfant qui « pousse » comme une plante dans son jardin, arrosé par ses parents tous les jours. Personne ne connaît son sexe biologique, mais il revendique le genre masculin. Un jour, Oscar vit une aventure extraordinaire mais douloureuse, dans un monde autoritaire et oppressif. Arrivera-t-il à obtenir la reconnaissance identitaire qu’il désire tant ?
Vous connaissez sans doute l’expression « voir rouge ». Dans Purpleboy, on voit violet. Un violet parfois clair, parfois foncé, tirant vers le pourpre. Le violet – en anglais « purple », qui compose le titre du film -, c’est la couleur de la transidentité, mélange du bleu et du rose, qui symbolisent chacun le garçon et la fille, si l’on s’en tient aux clichés traditionnels. Cette couleur violette et/ou pourpre, omniprésente, est donc le premier décor du court-métrage. Ajoutez à cet élément chromatique des animations en 2D numérique, constituées de dessins très fluides, avec beaucoup de flottements et glissements, comme par exemple, les cheveux de l’enfant, ou le parachute du père qui se replie d’un seul coup. Le rendu visuel est aérien et poétique.

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L’histoire de Purpleboy se passe dans le Brésil des années 1970, inspirée de celle de João W. Nery (dans son livre Voyage en solitaire – Viagem Solitária en version originale), connu comme le premier homme trans à avoir fait une opération chirurgicale de changement de sexe au Brésil, en 1977. Mais c’est une histoire facilement transposable à notre époque actuelle. La question de l’identité de genre est encore très compliquée à aborder aujourd’hui, souvent un sujet tabou, même s’il y a eu quelques timides progrès ces dernières années, notamment dans les médias (reportages sur des enfants transgenres…) et le débat public.
Dans Purpleboy, les difficultés rencontrées par Oscar font écho à celles d’un enfant de 2021. On arrive à ressentir le duel intérieur qui se joue dans l’esprit du petit héros : bien qu’étant né dans un corps de fille, il se sent garçon et veut être reconnu comme tel, mais son évolution dans ce monde chamboulé et son acceptation par les autres s’annoncent très pénibles, voire quasi-impossibles. A travers ce thème de la transphobie, Alexandre Siqueira aborde une réflexion sur le corps humain, à l’aide de dessins et effets visuels soignés.

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Purpleboy comporte toute une forêt de symboles et de métaphores : les cheveux longs et bien coiffés pour représenter la féminité, et courts ou ébouriffés pour la masculinité ; l’étoile comme cadeau du père à son enfant, symbole de fierté, d’honneur et de virilité ; les arbres aux formes phalliques pour représenter le sexe masculin, mais aussi le machisme ; les collines aux formes généreuses ressemblant à un corps de femme. Les quatre éléments – l’eau, l’air, la terre et le feu – sont également très présents, ce qui renforce l’aspect mystique du film.
Autre thème fort : le contexte social et politique d’un pays. Alexandre Siqueira nous rappelle que le Brésil est resté sous un régime de dictature militaire pendant plus de 20 ans. Le film se déroule dans un contexte oppressif, inspiré de cette période sombre de l’histoire du pays. Le cinéaste en sait quelque chose : il y a vécu jusqu’à ses sept ans, et son père était parachutiste militaire. Ces éléments guerriers (avion militaire à hélice, parachute, fourmis qui explosent comme des pétards…) se retrouvent dans son court-métrage, avec une lourde présence patriarcale – représentée par un loup comme animal anthropomorphique -, et instaurent un climat de tension.

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Purpleboy est un petit film d’animation lyrique et créatif, qui invite à la réflexion et à l’ouverture d’esprit sur la question du genre. Il nous rappelle l’importance d’aborder ce type de sujet, encore trop souvent mis sous silence… Et on sent bien que la force de son message a déjà eu quelques retentissements : depuis sa sortie en juin 2019, Purpleboy a reçu une vingtaine de prix et a été sélectionné dans plus de 150 festivals à travers le monde, dont celui du Film d’Animation d’Annecy et le Cinemed de Montpellier pour la France.
La reconnaissance du talent d’Alexandre Siqueira est même allée plus loin, puisque Purpleboy a fait partie des courts-métrages d’animation éligibles aux Oscars 2021. Le film a été pré-sélectionné dans cette catégorie, avant d’être recalé à l’étape suivante, avant les nominations (c’est If Anything Happens I Love You, de Will McCormack et Michael Govier, qui a reçu l’Oscar lors de la 93ème cérémonie le 25 avril dernier). Mais le chemin parcouru est déjà énorme… et quelque chose nous dit que ce n’est que le début.
Fanny BL
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Purpleboy est produit par Rainbox Productions, en co-production avec Bando à Parte, Ambiances… asbl et Luna Blue Film, et distribué par JE REGARDE.
-> Le court-métrage est à découvrir dans son intégralité ici !
-> Et le making-of du film est juste là ci-dessous :
?Quelle jolie découverte pour moi ! Beaucoup de poésie et de douceur pour ce thème sensible ! J’aime beaucoup ! Bravo ma chérie ! ? Bernadette Renucci 0682059508
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