Podcast : Les plus grandes méchantes de l’histoire du cinéma
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« Bonnie et Clyde » d’Arthur Penn : Un vent de révolution à Hollywood
Tout le monde connaît ou a déjà entendu parler de Bonnie et Clyde, ce couple mythique de criminels américains. En plus d’être intégrée à la culture générale, leur histoire révolutionnaire a entraîné plusieurs adaptations au cinéma, dont la plus connue reste l’incontournable Bonnie et Clyde, d’Arthur Penn, sorti en 1967. Le style non-conventionnel du réalisateur, doublé d’une violence rare pour l’époque, a fait de ce film un emblème du Nouvel Hollywood, et définitivement élevé les deux gangsters au rang d’icônes.
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Pendant la Grande Dépression, dans les années 1930, un couple d’amants criminels, Bonnie Parker (Faye Dunaway) et Clyde Barrow (Warren Beatty), sillonne les États-Unis en volant des voitures et en braquant des banques. Ces jeunes hors-la-loi fascinent le monde autant qu’ils l’effraient. Bientôt, le nom de leur gang figure dans tous les journaux : c’est le gang Barrow, également constitué du frère et de la belle-sœur de Clyde, Buck (Gene Hackman) et Blanche (Estelle Parsons), mais aussi d’un garagiste rencontré dans une station-service, C.W. Moss (Michael J. Pollard). Le gang enchaîne les courses-poursuites avec la police. Sera-t-il arrêté un jour ?
Ce qui a d’abord plu avec Bonnie et Clyde, c’est la véracité de l’histoire. Le récit du film ressemble en tous points à celui des vrais Bonnie Parker et Clyde Barrow. Une histoire déjà légendaire dans l’Est du Texas aux États-Unis, au moment où les jeunes scénaristes Robert Benton et David Newman décident de l’adapter sur grand écran, bien qu’ils n’aient pas été les premiers à le faire. A ce moment-là, il existe déjà trois autres films inspirés de l’histoire de Bonnie et Clyde : J’ai le droit de vivre de Fritz Lang (1937), Le Démon des armes de Joseph H. Lewis (1950), et The Story of Bonnie Parker de William Witney (1958). Preuve qu’Arthur Penn a voulu coller au plus près de la réalité : la majorité des scènes du film a été tournée sur les lieux authentiques des crimes commis par le couple.

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Mais Bonnie et Clyde ne s’est pas contenté de « plaire » : il a carrément été élevé au rang de film culte. Pourquoi ? D’abord parce qu’il a révolutionné le Hollywood des années 1960 : l’influence des studios a disparu, pour laisser place aux idées artistiques d’un réalisateur – le projet avait d’ailleurs été proposé à François Truffaut et à Jean-Luc Godard dans un premier temps, pour réaliser le long-métrage. C’est aussi l’une des premières fois que des scènes de violence et de sexe sont représentées de manière aussi crue et explicite dans un film américain, le tout, agrémenté d’un humour noir et d’une fin tragique. Avec tous ces éléments, Arthur Penn a pu prouver que le Code Hays, ce texte de censure visant à réglementer le contenu des films hollywoodiens en matière de sexe, de violence ou de bonnes mœurs, pouvait être définitivement ignoré. A la sortie du film, il a également été accusé de « glamouriser » le couple et les meurtres qu’ils perpètrent.
La violence n’est pourtant pas un élément nouveau pour Arthur Penn… bien au contraire. Le réalisateur en avait déjà usé un an plus tôt, dans son film La Poursuite Impitoyable (The Chase), notamment marqué par la scène extrêmement brutale de règlement de compte envers le personnage incarné par Marlon Brando. Ce film était donc lui-même un précurseur du Nouvel Hollywood.

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Autre raison qui explique le succès immense et inattendu de Bonnie et Clyde : le comportement juvénile des gangsters, qui mènent une incursion contre l’autorité. Les spectateurs peuvent s’identifier facilement à ces héros rebelles et hors-la-loi, surtout les Américains, durablement marqués par la Grande Dépression, même près de 40 ans plus tard. Le caractère révolutionnaire des personnages de Bonnie et Clyde a également séduit les spectateurs français, à la veille des événements de Mai 68. Et le succès n’a pas été uniquement public : le long-métrage a reçu dix nominations aux Oscars en 1968, pour finalement en récolter deux : ceux de la meilleure actrice dans un second rôle pour Estelle Parsons, et celui de la meilleure photographie.
Côté casting, le rôle de Bonnie Parker a propulsé Faye Dunaway au rang de vedette et a fait entrer l’actrice dans la légende. Cette dernière a indiqué que ce rôle était celui qu’elle avait préféré jouer dans sa carrière. La tenue de son personnage a fait fureur à l’époque, même jusqu’en France, où le béret et la jupe longue étaient à la mode pour les jeunes filles. De manière plus générale, Faye Dunaway est devenue l’icône d’une génération de femmes émancipées.

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Pour sa part, Warren Beatty était déjà célèbre avant la sortie du film, mais sa carrière était un peu stagnante, car les studios voyaient l’acteur comme un simple séducteur. En tant que producteur du film, il a d’abord songé à confier le rôle de Clyde Barrow à Bob Dylan, avant de décider de l’endosser lui-même, ce qui lui a permis de relancer sa carrière.
Dernier élément qui a permis à Bonnie et Clyde de devenir culte : une scène finale incroyable, qui a marqué au fer rouge toute l’histoire du cinéma. Même si la plupart d’entre vous la connaissent ou l’ont deviné sans avoir vu le film, on aura la délicatesse de ne pas la dévoiler, et de vous laisser la découvrir et la savourer dans sa totalité.
Véritable phénomène générationnel, Bonnie et Clyde symbolise la fin d’une ère cinématographique, en retranscrivant sur grand écran l’une des plus folles épopées qu’ait connu l’Amérique. Un film de gangster pas comme les autres qui a révolutionné Hollywood grâce à une réalisation inhabituelle pleine de péripéties, un groupe d’acteurs charismatiques, et une musique entraînante. A voir (ou revoir) absolument pour votre culture cinéma personnelle.
Fanny BL

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Musiques entendues dans le podcast ♫
♪ Musique originale du film Bonnie et Clyde (Bonnie and Clyde) d’Arthur Penn, composée par Charles Strouse (1967)
♪ Morceau « Foggy Mountain Breakdown », interprété par les Foggy Mountain Boys (1949), tirée du film Bonnie et Clyde d’Arthur Penn
♪ Chanson « Cruella d’Enfer » (Cruella De Vil) en version instrumentale, composée par Mel Leven, et tirée du dessin animé Disney Les 101 Dalmatiens (One Hundred and One Dalmatians) de Clyde Geronimi, Wolfgang Reitherman et Hamilton Luske (1996)
♪ Musique originale du film Le Magicien d’Oz (The Wizard of Oz) de Victor Fleming, composée par Harold Arlen (1939)
♪ Musique originale du film Liaison Fatale (Fatal Attraction) d’Adrian Lyne, composée par Maurice Jarre (1987)
♪ Musique du film Misery de Bob Reiner, composée par Marc Shaiman (1990)
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