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Anne Fontaine a sorti sa boule de cristal, et imaginé un scénario hors-du-commun sur ce qui pourrait se passer à l’élection présidentielle de 2022 en France : une union entre Nicolas Sarkozy et François Hollande, pour marquer leur grand retour sur la scène politique. Il fallait oser… Et contre toute attente, c’est plutôt réussi.
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Nicolas (Jean Dujardin), un ancien président de la République, supporte mal l’arrêt de sa carrière politique. En proie à l’ennui, il envisage de faire son grand retour… mais pour cela, il lui faut un allié. Nicolas part donc en Corrèze, pour aller chercher François (Grégory Gadebois), un autre ancien président, et le convaincre de faire équipe avec lui. Au départ réticent, François se laisse finalement prendre au jeu, tandis que Nicolas découvre le bonheur de vivre à la campagne.
Au vu de l’affiche, du scénario et de la bande-annonce de Présidents, il est inutile de préciser que les deux personnages principaux rappellent fortement Nicolas Sarkozy et François Hollande. Or, le film prend le contrepied du simple biopic. Il propose une histoire en « demi-réalité », avec un savant mélange entre des éléments véridiques, et d’autres, fictionnels, pour lesquels il y a une totale prise de liberté. On en arrive parfois à se demander ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas… Et c’est pour ça que le résultat est bon.

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Anne Fontaine (Police) a donc décidé d’anticiper l’avenir et d’imaginer ce qui pourrait se passer dans l’ »après« , quand un homme n’est plus président de la République et qu’il se retrouve à l’état de « simple » être humain. La réalisatrice aborde avec un humour fin et subtil une réflexion sur la figure de l’animal politique et sur l’attrait du pouvoir. Dans Présidents, Nicolas ne peut pas s’empêcher de retenter sa chance à l’élection, simplement pour revivre l’euphorie d’une campagne, et éventuellement, ressentir à nouveau la jouissance d’une victoire.
Contrairement à ce que l’on craignait, Présidents est loin d’être une comédie casse-gueule. La partie était loin d’être gagnée… Mais Anne Fontaine arrive à doser le rire juste comme il faut, pour que ce dernier ne soit ni jaune, ni gras.
L’autre grande crainte avant le visionnage, c’était que Jean Dujardin soit trop caricatural dans son rôle du fameux Nicolas… mais il n’en est rien. L’acteur se contente d’une imitation assez sobre, sans en faire trop – ce qui aurait été tentant pour n’importe quel comédien. Il adopte seulement le ton de la voix de l’ancien président et quelques-uns de ses tics, comme le fameux haussement d’épaules. Face à lui : un Grégory Gadebois impeccable dans le rôle de François, un homme à la fois réservé et orgueilleux, mais tout de même plus modeste et honnête que son comparse de droite.

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Le rapport de force entre les deux hommes politiques est très bien retranscrit à l’écran, et on s’amuse à découvrir à quel point ils peuvent alterner entre un rapport dominant-dominé et une complicité surprenante. On se plaît à découvrir (ou redécouvrir) ces deux personnalités différentes, qui parfois se rejoignent, surtout quand il s’agit d’égo surdimensionné et de narcissisme, des traits de caractère, semble-t-il, nécessaires au profil d’un président, même quand il n’est pas en fonction.
Présidents n’est pas le chef-d’œuvre du siècle, mais se laisse regarder et apprécier grâce à toutes ces bonnes idées, et à son duo d’acteurs qui fonctionne bien… En somme, on passe un bon moment, on rit quelques fois, mais ça s’arrête là… Mention spéciale en revanche pour la fin du film, originale et réjouissante… et on tire tout de même notre chapeau à Anne Fontaine, qui a tourné son film en plein confinement, durant la pandémie de Covid-19.
13+ / 20
Fanny BL

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