« Cruella », de Craig Gillespie : la nouvelle fable punk déjantée de Disney

Ma critique en podcast ci-dessous :

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Après Mulan et La Belle et le Clochard (2020), Disney poursuit à un rythme effréné ses adaptations en prises de vues réelles, et continue d’explorer sa dernière trouvaille : un prequel sur l’histoire personnelle d’un méchant. Cruella, des 101 Dalmatiens, succède donc à Maléfique, de La Belle au Bois Dormant. Le résultat est plutôt réussi, mais comporte tout de même quelques points noirs.

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L’histoire se passe plusieurs années avant les événements du dessin animé Les 101 Dalmatiens, dans le Londres des années 70, quand Cruella était encore Estella (Emma Stone), une jeune femme sans le sou et passionnée de mode. Un jour, ses créations sont remarquées par la baronne von Hellman (Emma Thompson), grande figure respectée de la haute-couture. Estella commence à travailler pour elle, mais une série de révélations va engendrer chez la jeune femme une soif de vengeance incontrôlable.

Disney utilise exactement la même stratégie que pour Maléfique (2014) : raconter la jeunesse d’une méchante, pour la dédiaboliser et la rendre plus humaine… Problème : comme cette dernière est encore innocente au moment où se déroule l’histoire, il a fallu trouver un(e) autre méchant(e), ou du moins une raison valable, pour justifier la cruauté de la méchante « officielle »… L’idée n’est donc pas nouvelle, et notre petit doigt nous dit que ce n’est pas la dernière fois qu’elle sera exploitée.

Dans Cruella, la « nouvelle méchante » est la baronne von Hellman. Elle est brillamment interprétée par Emma Thompson (Last Christmas), qui est d’ailleurs finalement le meilleur élément du film. Son personnage fait beaucoup penser à Miranda Priestly, rédactrice en chef autoritaire et caractérielle d’un grand magazine de mode, incarnée par Meryl Streep dans Le Diable s’habille en Prada (2006) – même si Emma Thompson est moins effrayante que sa comparse. Une bonne partie de Cruella ressemble d’ailleurs en tous points au film de David Frankel… Rien d’étonnant, quand on sait que la scénariste, Aline Brosh McKenna, est aussi celle du Diable s’habille en Prada ! Toute cette partie du long-métrage est donc divertissante, mais là encore, ne propose rien de novateur.

Emma Thompson dans le rôle de la baronne von Hellman. Photo : Laurie Sparham © 2021 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.

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Craig Gillespie avait déjà dressé le portrait d’une anti-héroïne dans Moi, Tonya (2018), biopic génial sur la patineuse Tonya Harding. Il était donc le réalisateur idéal pour se charger de Cruella. Emma Stone (Retour à Zombieland) est convaincante dans ce rôle difficile, malgré un jeu (et un rire diabolique) parfois un peu forcé. Bien qu’elle donne un coup de jeune et de fun au personnage, elle n’arrive malheureusement pas à la cheville de la grande Glenn Close (Une ode américaine), interprète de Cruella dans Les 101 Dalmatiens et (1996), et 102 dalmatiens (2000), premiers remakes en prises de vues réelles du classique éponyme de 1961.

Hormis ce casting globalement bon, la plupart des effets spéciaux sont un peu ratés, et les scènes d’ouverture et de clôture ne sont pas vraiment utiles… Du côté du scénario, l’histoire tient la route, mais on a préféré celle de la série télévisée Once Upon a Time, où le passé du personnage de Cruella d’Enfer avait déjà été imaginé par David H. Goodman et Jerome Schwartz (épisode 19, saison 4, en 2014), dans une ambiance plus jazzy que punk-rock. Cet épisode à lui seul contient de meilleures idées que le film entier de Disney.

Emma Stone dans le rôle de Cruella. Photo : Laurie Sparham © 2021 Disney Enterprises Inc. All Rights Reserve

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Cruella contient tout de même de nombreux points positifs : une image et des décors qui mettent tout de suite dans l’ambiance du Londres des 70’s, des maquillages et des costumes sublimes, sans oublier les somptueuses vieilles voitures, dont le fameux modèle Panther De Ville de 1980, que l’équipe a carrément fait fabriquer pour les besoins du film, puisque ce modèle n’existe plus.

Ajoutez-y une musique pop-rock et punk géniale, très (parfois même un peu trop) présente, composée de chansons d’époque, comme The Clash, Blondie ou encore The Doors, pour coller à cette période effervescente sur le plan musical… et bien sûr, une bande originale impeccable. Une chose est sûre : vous allez en prendre plein les oreilles !

Globalement, Cruella remplit sa mission de prequel sur la célèbre méchante aux cheveux mi-noirs mi-blancs. Disney aurait pu s’arrêter là… mais comme on le sait tous, le studio aime bien pousser un concept jusqu’à l’excès : après avoir épuisé le « stock Maléfique » avec deux films autour de cette méchante, un deuxième Cruella serait déjà en préparation (sortie prévue en 2023, probablement sur Disney +), toujours avec Craig Gillespie aux commandes, et Emma Stone dans le rôle principal… Avant même de l’avoir vu, on vous le dit tout net : ce serait clairement la suite de trop.

14 / 20

Fanny BL

Emma Stone dans le rôle d’Estella. Photo : Laurie Sparham © 2021 Disney Enterprises Inc. All Rights Reserved.

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