Critique « Aline » de Valérie Lemercier + Podcast « Les biopics musicaux »

Podcast animé sur 5 biopics musicaux

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« Aline » : La comédie très rose bonbon de Valérie Lemercier

Comment résumer la vie presque entière de l’une des plus grandes chanteuses pop au monde, en seulement deux heures de film ? C’est le défi que s’est lancé Valérie Lemercier avec Aline, bien qu’elle présente son dernier long-métrage comme un « faux » biopic. Cette confusion rend le film appréciable, sans pour autant provoquer un enthousiasme débordant.

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Québec, fin des années 1960. Aline est la dernière née d’une fratrie de 14 enfants. Dans une famille animée par la musique, la fillette se découvre un don : elle a une voix en or. Lorsqu’il l’entend chanter pour la première fois, un producteur de musique réputé, Guy-Claude, n’a plus qu’une idée en tête : faire d’Aline la plus grande chanteuse au monde.

Si vous n’êtes pas fans de Céline Dion et/ou de comédies à l’eau de rose, un seul mot d’ordre : fuyez ! Tels sont les deux ingrédients majeurs d’Aline, sixième long-métrage de Valérie Lemercier en tant que réalisatrice après Marie-Francine. Comme pour tous ses autres films, cette dernière reste dans son domaine de prédilection, la comédie, et y ajoute ici une pointe de drame et de réalité… mais surtout, une dose excessive de romantisme.

Valérie Lemercier dans le rôle d’Aline Dieu alias Céline Dion © Rectangle Productions/Gaumont/TF1 Film Productions, De l’huile/Productions Caramel Film Inc. / PCF Aline le film Inc. / Belga Productions

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Depuis le début, Valérie Lemercier insiste sur le fait qu’Aline est une « fiction inspirée de la vie de Céline Dion », tous les noms des protagonistes ayant été légèrement modifiés. S’agit-il alors d’un biopic à moitié assumé ? Au visionnage, on a vraiment l’impression que la réalisatrice-actrice a voulu raconter l’histoire de la chanteuse point par point. En même temps, on s’interroge constamment sur l’authenticité des faits, surtout si on n’est pas un spécialiste de Céline Dion. Comme dans beaucoup de biopics, des libertés ont été prises sur certains éléments, sans que l’on sache lesquels. On n’a qu’une envie : se précipiter sur la page Wikipedia de la chanteuse pour démêler le vrai du faux. Ce paradoxe constant fragilise le projet de Valérie Lemercier, plutôt attirant sur le papier, mais légèrement décevant à l’arrivée.

Sur le plan visuel, une bizarrerie dans les premières scènes nous a franchement fait tiquer : Valérie Lemercier incarne Céline Dion du début à la fin du film, y compris quand la chanteuse est censée avoir 12 ans… Pour cela, un morphing a été réalisé, une technique d’effets spéciaux qui permet de « transformer » Valérie Lemercier en petite fille… La démarche est assumée, et n’est pas sans rappeler les anciens sketches de l’humoriste, mais le rendu final est tout de même un peu étrange et embarrassant. Quelque chose sonne faux.

Valérie Lemercier et Sylvain Marcel © Rectangle Productions/Gaumont/TF1 Film Productions, De l’huile/Productions Caramel Film Inc. / PCF Aline le film Inc. / Belga Productions

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Côté musique, il est un peu décevant de ne pas entendre la vraie voix de Céline Dion, pour un film censé lui rendre hommage. A la place, vous aurez droit à un sosie vocal, incarné par la chanteuse Victoria Sio, pour doubler la voix de Valérie Lemercier… Un « choix délibéré de faire un pas de côté », selon la réalisatrice, sans doute dû à des questions de droits d’auteur

Aline s’apparente plus à une comédie romantique édulcorée qu’à un biopic musical par son récit, car le scénario – également signé Valérie Lemercier – gravite presque exclusivement autour de l’histoire d’amour entre l’héroïne et son agent, Guy-Claude. Un fait toutefois pardonnable, puisque Céline Dion doit sa carrière à René Angélil, et qu’il était aussi, accessoirement, l’homme de sa vie. Le film évoque aussi la grande complicité de l’héroïne avec sa famille de musiciens, et l’importance du chant dans sa vie. Il examine le thème de la célébrité, en essayant de montrer les coulisses du travail d’une si grande star, mais aussi le revers de la médaille.

A trop vouloir rester dans un ton décalé et à ne pas assumer à fond le biopic musical – peut-être par crainte d’une trop grande prise de risque -, Valérie Lemercier pourrait perdre quelques spectateurs au passage, qui seront déjà une catégorie restreinte de fans de Céline Dion et/ou de la comédienne française. La plupart ne comprendront pas vraiment quel était l’objet de sa démarche. Aline est un film divertissant par son aspect romantique, ses touches d’humour et la qualité de jeu de ses acteurs (pour la plupart canadiens), mais ne pourra pas soulever les foules à chaque fois.

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Film présenté hors-compétition au Festival de Cannes 2021

13+ / 20

© Rectangle Productions/Gaumont/TF1 Film Productions, De l’huile/Productions Caramel Film Inc. / PCF Aline le film Inc. / Belga Productions

Fanny BL

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Extraits musicaux entendus dans le podcast 

♪ Chanson « La Vie en rose », interprétée par Edith Piaf, sur une musique de Louiguy (1947)

♪ Chanson « Non, je ne regrette rien », composée par Charles Dumont, paroles de Michel Vaucaire, interprétée par Edith Piaf (1956)

♪ Chanson « Comic Strip », écrite, composée et interprétée par Serge Gainsbourg (1967)

♪ Chanson « Je t’aime… moi non plus » écrite et composée par Serge Gainsbourg, interprétée par lui-même, en duo avec Jane Birkin (1969)

♪ Chanson « Bohemian Rhapsody », écrite par Freddie Mercury, et interprétée par Queen, issue de l’album A Night at the Opera (1975)

♪ Morceau « Rocket Man » interprétée par Elton John, paroles de Bernie Taupin (1972)

♪ Chanson « Benny and the Jets », issue de l’album Goodbye Yellow Brick Road, écrite et interprétée par Elton John, paroles de Bernie Taupin (1973)

♪ Chanson « I’m Alive », issue de l’album A New Day Has Come, interprétée par Céline Dion, écrite par Kristian Lundin et Andreas Carlsson (2002)

♪ Chanson « Pour que tu m’aimes encore », issue de l’album D’eux, écrite et composée par Jean-Jacques Goldman, interprétée par Céline Dion (1995)

2 commentaires sur “Critique « Aline » de Valérie Lemercier + Podcast « Les biopics musicaux »

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  1. Oh j’adore ce podcast !! Comme d’habitude, très riche. Bohemian Rhapsody est clairement un biopic qui m’a marquée ces dernières années. Celui sur Gainsbourg, je l’avais totalement oublié par contre !
    Globalement, j’aime beaucoup les biopics. On se prend vite au jeu et on imagine que tout ce qui passe à l’écran s’est réellement passé. C’est pas mal si on ne connaît pas bien l’artiste mis en avant, même si des petites recherches sont nécessaires ensuite. Et puis autre point hyper intéressant dans un biopic, l’acteur qui joue le personnage principal. C’est un exercice assez fou quand on y pense !! Et son jeu va être déterminant. Tout repose là-dessus selon moi. Je ne savais pas que Taron Egerton chantait vraiment dans Rocketman !!! Impressionnant. Pour Aline, c’est loin d’être à la hauteur d’un grand film mais cela reste une comédie sympa à voir entre copines 😉

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    1. Merci pour ce retour chaleureux lemicrodecamille ! Je comprends que « Bohemian Rhapsody » t’ait marquée, c’est vrai qu’il est très bien même si ce n’est pas mon préféré ! Rami Malek est extraordinaire dans le rôle de Freddie Mercury, il faut le reconnaître. Comme tu dis, c’est un exercice vraiment pas facile pour un acteur !
      Et totalement d’accord avec toi pour « Aline » ! On a passé un super moment musical 🙂

      J’aime

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