Dialogues, improvisation, thèmes du film… Edouard Baer nous dit tout dans ce podcast !
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« Adieu Paris ! » d’Edouard Baer : Un huis-clos théâtral légèrement soporifique
Après Ouvert la nuit, Edouard Baer repasse derrière la caméra et signe Adieu Paris !, son quatrième film en tant que réalisateur. Un long-métrage qui brille par son casting XXL, comporte de bons dialogues, mais est alourdi par un rythme un peu lent et un scénario stagnant.
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Paris, mai 2021. Huit messieurs se réunissent dans un vieux bistrot pour leur déjeuner rituel. Huit grandes figures, qui étaient autrefois les « rois de Paris », et se rendent compte que le temps a passé. Petites piques d’humour noir, sarcasmes et boutades fusent dans la bande. Il faudra gérer les humeurs de chacun, et l’irruption d’un intrus…
Autant vous le dire tout de suite : Edouard Baer est bien meilleur devant la caméra que derrière… En tous cas quand il s’agit d’Adieu Paris !, puisqu’on ne peut pas se vanter d’avoir vu ses trois films précédents en tant que réalisateur. Bien sûr, tout n’est pas à jeter dans son nouveau long-métrage. On retrouve les éléments propres à l’univers d’Edouard Baer : l’humour absurde, la fantaisie, et un brin de folie surréaliste. Le comédien nous invite dans un groupe d’hommes très restreint, avec son protocole, ses habitudes et son histoire, et utilise le procédé de mise en abyme : ses personnages « jouent » à faire du théâtre, et la vie se transforme en spectacle.

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Par son unité de lieu, de temps et d’action, Adieu Paris ! a tout d’un huis-clos théâtral et accorde une grande place à la parole… Pas étonnant, de la part d’un grand amoureux du théâtre, et dont le nom évoque immédiatement un célèbre monologue dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (2002). Sur ce point, les dialogues sont réussis : ils consistent en une succession d’échanges habiles, de répliques cinglantes et de discours cyniques.
Fait paradoxal : d’un côté, on sent que le film est très écrit, mais d’un autre, qu’il comporte aussi une part d’improvisation. Là encore, on a l’impression d’assister à une pièce de théâtre au cinéma, ce qui n’est pas dérangeant tant que le rythme est soutenu. Un humour subtil est, lui aussi, présent tout au long du film, même si on ne rit pas non plus à gorge déployée, et qu’il manque parfois un peu de saveur.

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Quelques thèmes intéressants sont également abordés : l’exclusion d’un groupe fermé – avec les personnages de Benoît Poelvoorde et Gérard Depardieu -, la vieillesse, la peur de mourir, d’être oublié, la crainte de ne plus être célèbre, ou encore l’importance de l’argent.
Le problème avec les huis-clos : le risque de tourner en rond. Edouard Baer tombe dans le piège malgré toutes les bonnes intentions dont il fait preuve. Avec Adieu Paris !, une heure de film aurait largement suffi. Au-delà, on commence à trouver le temps long… L’immense brochette d’acteurs présents, constituée de mastodontes du cinéma et du théâtre français (Benoît Poelvoorde, François Damiens, Isabelle Nanty, Gérard Depardieu, Pierre Arditi, Jean-François Stévenin, Bernard Murat, Bernard Le Coq, Daniel Prévost…) fait plaisir à voir, mais ne suffit malheureusement pas à nous maintenir éveillés jusqu’au bout.

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Edouard Baer fait partie de ces figures du cinéma français qu’on ne se lasse pas de voir à l’écran. Un comédien d’emblée sympathique, dont le visage et la voix nous sont familiers, même si on ne le connaît pas personnellement. Quand il se met à filmer des acteurs dans Adieu Paris !, cette même affection se fait ressentir, mais ne parviendra pas à rendre ce moment inoubliable. Ce quatrième film est à voir, éventuellement, pour son casting, son hommage à la langue française et ses joutes verbales divertissantes. Un conseil : revoyez plutôt un film dans lequel Edouard Baer a joué. Vous rirez sans doute beaucoup plus et vous ne vous ennuierez pas.
10 / 20
Fanny BL

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