« The Batman » de Matt Reeves : « Elémentaire, mon cher Watson ! »

Ecoutez d’abord ce petit podcast !

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Batman est de retour au cinéma, dix ans (déjà !) après la fin de la trilogie de Christopher Nolan. Dans cette nouvelle adaptation estampillée DC Comics, Robert Pattinson succède à Michael Keaton, Christian Bale ou encore Ben Affleck, pour enfiler le costume de l’homme chauve-souris… Un costume que Batman pourrait presque troquer contre la loupe et le trench coat de détective… On vous explique pourquoi !

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Deux ans après avoir arpenté les rues de Gotham City et semé la peur chez les criminels, Batman (Robert Pattinson) s’est imposé comme la seule incarnation de la vengeance dans la ville. Cette fois, le justicier solitaire devra trouver de nouveaux alliés, et résoudre une série d’énigmes lancée par un tueur qui attaque les hommes politiques et les fonctionnaires, les accusant de corruption.

Un homme aux cheveux noirs mi-longs enfourche sa moto et roule un peu au hasard, sur les notes mélancoliques de la chanson Something In The Way de Nirvana… Son visage est pâle, du kohl a coulé sous ses yeux, et il semble qu’il sera triste toute sa vie… Décidément, ce nouveau Batman n’est pas là pour rigoler. Le style gothique du « justicier solitaire version Matt Reeves » s’inscrit dans une ambiance générale beaucoup plus sombre. Gotham City, autre personnage à part entière qui sert toujours de décor aux aventures de l’homme chauve-souris, est tout aussi noire, à tel point qu’elle semble couverte de suie.

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Une teinte sombre voulue par Matt Reeves. Le cinéaste, à l’origine de deux épisodes récents de la saga La Planète des singes (Suprématie en 2017 et L’Affrontement en 2014), a aussi réalisé les films d’épouvante-horreur Laisse-moi entrer (2010) et Cloverfield (2008). Le suspense est donc un ingrédient cinématographique qu’il maîtrise bien, avec un scénario prenant (qu’il a d’ailleurs co-écrit avec Peter Craig), ainsi que des personnages à l’esprit torturé et au passé obscur.

Depuis sa sortie au cinéma, ce nouveau Batman a beaucoup été comparé à des films d’enquête comme Seven (1996), ou Zodiac (2007), tous deux réalisés par David Fincher… A raison : on retrouve la même ambiance, et le même genre de suspense, qui nous tient en haleine jusqu’à la fin. Ici, Batman n’est plus seulement un justicier, mais aussi et surtout un détective qui doit résoudre toutes sortes d’énigmes tarabiscotées et de messages codés lancés par un tueur en série après chacun de ses meurtres. Le film ne se résume pas à un classique de super-héros à la sauce Marvel : il est à la fois une enquête policière, un thriller psychologique – avec la manipulation de Batman par le méchant – et un film d’action, grâce à quelques scènes de bagarre plutôt réussies.

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Dans The Batman, tout est soigné : la mise en scène, la photographie, les décors, jusqu’à la bande originale et ce choix appréciable de la chanson Something In The Way de Nirvana, qui caractérise d’emblée l’identité du film, et deviendra même son leitmotiv puisqu’elle est diffusée deux fois. D’ailleurs, le personnage de Bruce Wayne version Matt Reeves fait beaucoup penser à Kurt Cobain, avec son style grunge (même s’il n’est pas blond), mais aussi à Edward aux mains d’argent, du film éponyme de Tim Burton (hasard ou pas, il a aussi réalisé deux films Batman à la même époque). Bref, on s’éloigne du personnage de bad boy pour se rapprocher d’un homme solitaire et écorché vif… peut-être plus « humain », finalement.

Andy Serkis, Jeffrey Wright, Colin Farrell… Le film bénéficie d’un casting de qualité, porté haut par Robert Pattinson. L’acteur britannique de 35 ans, révélé dans la saga Twilight, était attendu au tournant par les fans de Batman. Endosser le rôle de Bruce Wayne après les autres comédiens n’était pas chose aisée, et à l’arrivée, sa performance est très convaincante. Avec la formidable Zoë Kravitz, il forme un duo Batman-Catwoman idéal. Paul Dano, dans la peau du méchant (L’Homme-Mystère, alias The Riddler en version originale), est tout simplement excellent… Sans surprise, puisqu’il nous avait déjà époustouflés dans Prisoners de Denis Villeneuve (2013).

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On reprochera seulement à The Batman sa longueur : on a quand même senti les 2h57 de film passer. Selon le site IMDb, le Batman de Matt Reeves est d’ailleurs le plus long de tous les films mettant en scène Batman en solo au cinéma, dépassant ainsi The Dark Knight Rises et ses 2h44.

Hormis ce petit défaut, Matt Reeves livre une adaptation assez réussie de Batman. Après une trilogie Nolan très appréciée, et face à une communauté de fans exigeants, il prend la relève d’une bien belle manière, avec classe et élégance. Le gros avantage de son film, c’est qu’il s’adresse à un public large, y compris à des non-fans et des spectateurs peu connaisseurs de l’univers et du personnage de l’homme chauve-souris. Avec son style film d’enquête, il s’éloigne un peu du blockbuster à la Marvel, et propose quelque chose de plus profond, dans sa narration, sa mise en scène et son jeu d’acteurs. On aurait presque préféré que le film se cantonne à un seul épisode, pour rester un « produit unique », plutôt que de donner lieu à une énième trilogie ou saga interminable… C’est raté : on vient d’apprendre par la Warner qu’une suite est bel et bien en préparation, toujours réalisée par Matt Reeves, et avec Robert Pattinson dans le rôle principal.

16 / 20

Fanny BL