« Années 20 » : La critique + L’interview de l’équipe

Origines du projet, gestion des imprévus, part d’écriture et d’impro… L’équipe d’Années 20 nous dit tout !

Ce podcast contient des extraits d’interview de Noémie Schmidt, Manuel Severi et Léo Poulet

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« Années 20 » d’Elisabeth Vogler : Le cinéma de la débrouillardise

Après Paris est à nous (2020), sorti uniquement sur Netflix, Elisabeth Vogler poursuit sa quête du réel, avec une caméra au plus près des acteurs, et en ronronnement constant : Années 20 a été tourné en un seul plan-séquence d’une heure et demie, dans les rues de Paris, sans aucun moyen financier traditionnel. Bienvenue dans le cinéma de la débrouillardise.

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C’est une prouesse assez inhabituelle. Un plan-séquence d’une heure et demie, tourné dans les rues de Paris, avec plus de 24 acteurs et actrices, au lendemain du premier confinement, en juin 2020. Et pour l’accompagner, une web série éponyme de 11 épisodes, tournés dans 11 villes différentes de France, sur le même principe, c’est-à-dire en un plan-séquence à chaque fois. Des heures de répétition, de la réécriture de scénario, et surtout un énorme travail collectif auront été nécessaires à la finalisation de ce petit bijou.

En apparence, Années 20 pourrait prendre des airs de « petit film » fabriqué avec trois bouts de ficelle… mais il n’en est rien. A y regarder de plus près (L’Oreille Cinéphile a fait un tour en coulisses lors du tournage de l’épisode 8 à Lyon), ce groupe rassemblé autour d’Elisabeth Vogler a tout d’une petite ruche de campagne, avec une organisation millimétrée, chacun et chacune à son poste.

Car Elisabeth Vogler est en fait un pseudonyme, emprunté à un personnage de Persona d’Ingmar Bergman, une actrice qui cesse soudainement de s’exprimer. La personne qui se cache derrière la réalisation d’Années 20 a choisi l’anonymat, car elle préfère qu’on s’intéresse aux films qu’elle fait, plutôt qu’à sa personne. Le pseudonyme Elisabeth Vogler englobe donc toute l’équipe technique et les acteurs du film et de la série, soit environ 40 personnes.

Joris Avodo © Wayna Pitch

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Paradoxalement, Années 20 impressionne par sa simplicité. Simplicité des moyens avec lesquels il a été réalisé. Simplicité de son récit et de ses personnages. Ces derniers sont des jeunes hommes et femmes aux profils « banals », sortes de « Monsieur et Madame Tout le monde nouvelle génération »… Années 20 se présente donc comme un véritable film-miroir : le spectateur peut aisément se sentir concerné par ce qui est dit, et s’identifier à un ou plusieurs personnages (formidable troupe composée notamment de Noémie Schmidt, Alice de Lencquesaing, Manuel Severi, Paul Scarfoglio, Léo Poulet…) à partir du moment où il a entre 15 et 35 ans. On se plaît à suivre ces petites histoires racontées l’une après l’autre, avec, quasiment à chaque séquence, un duo de personnages qui marche dans la rue et aborde de nombreux sujets de notre époque, à travers des discussions informelles.

Avec toutes ces discussions, le film fait beaucoup penser à Before Sunset de Richard Linklater (2005), avec Ethan Hawke et Julie Delpy, dans lequel un couple passe l’après-midi dans les rues de Paris et sur les quais, à se promener et refaire le monde. Ce long-métrage se base quasi-uniquement sur des échanges oraux et ne comporte pas vraiment de scènes d’action, mais n’est pas ennuyant pour autant, bien au contraire. C’est la même chose avec Années 20. Elisabeth Vogler réussit à capter l’attention du spectateur du début à la fin, rien qu’avec des dialogues entre deux personnages. Rien n’est hasard : François Mark, co-scénariste d’Années 20, est le premier à avoir eu l’idée de ce film après avoir vu Slacker (1991), également réalisé par Richard Linklater, et basé sur le même principe.

Aurore Déon et Noémie Schmidt © Wayna Pitch

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Années 20 est aussi une déclaration d’amour à Paris, souvent victime de préjugés et clichés négatifs… Elisabeth Vogler redonne ses lettres de noblesse à la Capitale… mais pas seulement, puisque l’équipe s’est déplacée dans 11 autres villes de France (Nantes, Marseille, Strasbourg…) pour tourner à chaque fois un épisode de la web série Années 20, qui accompagne le film. Chaque épisode de la série présente un personnage du film, et prend la forme d’un hommage à chaque ville dans laquelle il a été tourné, avec des anecdotes sur sa culture, sa gastronomie, ou le choix de lieux emblématiques et immédiatement reconnaissables.

Années 20 est un exploit, une performance hors-normes. C’est la petite curiosité du moment qu’il faut aller découvrir et savourer. Ce sont un film et une série qui parlent de vous, de nous, de notre histoire dans un passé extrêmement proche, voire un présent immédiat. Un long-métrage impossible à catégoriser – drame, documentaire, aventure ?-, qui bouleverse les codes traditionnels du 7ème Art, et redonne de la vigueur au cinéma indépendant français. Comme quoi, la pandémie et le confinement n’auront pas eu que des effets négatifs

17 / 20

Fanny BL

© Wayna Pitch

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-> La web série Années 20 est visible gratuitement ici

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