Critique « Belfast » + Podcast « Les films irlandais »

Podcast musical sur 4 films irlandais

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« Belfast » : L’enfance chahutée de Kenneth Branagh

Dans la foulée de Mort sur le Nil, Kenneth Branagh accouche de Belfast, un projet vieux de 50 ans qui raconte un pan entier de son enfance. La machine à remonter le temps est lancée : nous sommes à l’été 1969, dans une Irlande du Nord qui s’embrase entre catholiques et protestants.

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Irlande du Nord, 1969. Buddy (Jude Hill) a neuf ans et vit avec sa famille dans un quartier de Belfast marqué par le déchirement des communautés catholique et protestante.

Foule enragée, voitures enflammées, barrières de fils barbelés en pleine rue… L’ouverture de Belfast est très prenante avec sa scène d’émeutes. Kenneth Branagh commence fort, même s’il reste éloigné du style très cru de Ken Loach et son Le Vent se lève (2006), autre film sur un épisode historique douloureux de l’Irlande. Dans Belfast, le spectateur est propulsé d’emblée dans le contexte tumultueux du pays, et poussé au cœur de l’action.

Judi Dench, Jude Hill et Ciarán Hinds © Rob Youngson / Focus Features

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Pour ce récit semi-autobiographique, le cinéaste a choisi un noir et blanc hollywoodien très esthétique, agréable à regarder, avec quelques « ouvertures » en couleur très judicieuses. Une manière de retranscrire le regard de l’enfant-héros (Buddy), qui voit ses parents comme des stars de cinéma. Kenneth Branagh utilise ce personnage comme son alter-ego fictif. Tout est narré à hauteur d’enfant : le spectateur vit l’histoire à travers les yeux de Buddy.

Kenneth Branagh brosse le portrait d’une famille ouvrière qui doit lutter pour sa survie en temps de guerre, et se retrouve dans une situation d’insécurité, avec un choix extrêmement difficile à faire : rester ou partir. Une famille composée de personnages attendrissants, en particulier les grands-parents, Pop et Granny – superbement incarnés par Ciaran Hinds et Judi Dench -, et leur histoire d’amour pleine d’humilité. Ajoutez-y une grande part de poésie, qui ferait presque de Belfast un film de contemplation.

Caitriona Balfe © Rob Youngson / Focus Features

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Concernant le casting, 100% irlandais, il fallait du cran pour sortir Jamie Dornan de son étiquette de playboy qui lui colle à la peau depuis la saga Cinquante Nuances de Grey (2015-2018). Kenneth Branagh a su puiser dans les talents profonds du comédien, déjà remarquable en rôle secondaire dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006). Dans Belfast, l’acteur livre une prestation remarquable dans le rôle du père de famille et travailleur épuisé. Mais la palme revient surtout à Caitriona Balfe (Ma), dans la peau de la mère protectrice. L’actrice irlandaise de 42 ans, star de la série Outlander, aurait bien mérité l’Oscar, mais n’a même pas eu droit à une nomination. Excellent aussi, le petit garçon (Buddy) incarné par Jude Hill, qui a, pour sa part, bénéficié d’une nomination dans la catégorie « Meilleur acteur dans un second rôle ». Rien d’étonnant en soi.

Depuis sa sortie en salles en mars dernier, Belfast a reçu de nombreuses critiques élogieuses, et faisait partie des grands favoris aux Oscars 2022 avec sept nominations. A la surprise générale, il est presque reparti bredouille, puisqu’il a remporté seulement une statuette, celle du meilleur scénario original pour Kenneth Branagh. Il s’agit malgré tout du premier Oscar dans la carrière du cinéaste. Il était temps.

16 / 20

Fanny BL

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Extraits musicaux entendus dans le podcast 

♪ Morceau « An Irish Party in Third Class », interprété par Gaelic Storm, tirée du film Titanic de James Cameron (1997)

♪ Chanson « Falling Slowly », écrite, composée et interprétée par Glen Hansard et Markéta Irglová pour le film Once de John Carney (2007)

♪ Chanson « Trying to Pull Myself Away », écrite, composée et interprétée par Glen Hansard pour le film Once de John Carney (2007)

♪ Chanson « Lies », écrite, composée et interprétée par Glen Hansard et Markéta Irglová pour le film Once de John Carney (2007)

♪ « The Wind that Shakes the Barley », chanson traditionnelle irlandaise du XIXème siècle, écrite par Robert Dwyer Joyce, interprétée par Dolores Keane (1997), et tirée du film Le Vent se lève de Ken Loach (2006)

♪ Chanson « Everlasting Love » écrite et composée par Buzz Cason et Mac Gayden (1967), interprétée par Love Affair (1968), tirée du film Belfast de Kenneth Branagh (2022)

♪ Chanson « Down To Joy », écrite, composée et interprétée par Van Morrison pour le film Belfast de Kenneth Branagh (2022)

♪ Chanson « Casadh an Tsugain » / « Frankie’s Song », interprétée par Iarla O’Lionaird (2015), pour le film Brooklyn de John Crowley (2016)

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