Écoutez d’abord ce podcast :
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Violences sexistes, harcèlement de rue, remarques machistes subies au quotidien… Des centaines de jeunes femmes dénoncent ces fléaux, à travers des messages de soutien aux victimes directement affichés dans la rue : ce sont les Collages Féministes. Le documentaire Riposte Féministe propose un petit tour de France de ces collectifs.
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Vous avez peut-être aperçu, dans la rue, ces collages aux messages percutants, qui dénoncent les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes et les féminicides. « Ras le viol », « Je te crois », ou encore « Mon corps, ma vie, mes choix », peut-on lire sur les murs. Une feuille blanche pour chaque lettre, écrite grossièrement à la peinture noire. Des rectangles qui forment des mots, eux-mêmes devenant des phrases… Sorte de Scrabble nouvelle génération.
Ces collages féministes ont fleuri un peu partout en France il y a environ trois ans. Ils sont l’œuvre de militantes appelées « colleur.euses », des petits groupes de femmes et de personnes appartenant à des minorités de genre (transsexuelles ou non binaires), souvent très jeunes (18-25 ans), qui bravent leurs peurs pour se réapproprier l’espace public. Car c’est de cela dont il s’agit : regagner un territoire jusqu’ici majoritairement masculin.
Il semble que les documentaires féministes au cinéma soient peu nombreux, ou en tous cas, qu’on en parle assez rarement… Du coup, un documentaire sur les collages féministes fait office d’Ovni. Le sujet de Riposte Féministe est très anglé dès le départ, et le restera jusqu’à la fin, hormis quelques parenthèses montrant des images de manifestations féministes ou de marches blanches en hommage à des victimes de féminicides. Ces scènes, notamment celle d’ouverture, semblent un peu décalées par rapport au reste du long-métrage, et manquent peut-être d’explications et de contextualisation.

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Hormis ces quelques exceptions, Riposte Féministe remplit sa fonction. Il nous instruit sur ces collectifs, et nous montre l’ampleur du phénomène, en tournant dans dix villes de France (Paris, Lyon, Montpellier…), et pas seulement dans des grandes villes. Il est fascinant de voir comment chaque groupuscule se débrouille à sa manière, pour exprimer ses revendications via les collages, sans jamais se décourager, malgré les nombreuses menaces auxquelles les « colleur.euses » sont exposées – il est d’ailleurs consternant de voir qu’elles craignent davantage les badauds que la police.
Les discussions et débats entre les jeunes filles/femmes d’un même groupe (faut-il utiliser la violence pour faire régner l’égalité entre les femmes et les hommes, et si oui, à quel degré ?) sont intéressants aussi, même si on n’échappera pas à quelques répétitions dans les différents discours et points de vue.
Ces répétitions sont probablement voulues, mais on aurait bien aimé que le sujet soit plus creusé : en savoir davantage sur ces jeunes femmes, comme par exemple, leurs rapports avec leurs propres familles, ou les milieux sociaux dans lesquels elles ont évolué. Seule une scène répond à cette requête : celle, émouvante, du témoignage d’une jeune fille au sujet d’une ancienne relation toxique vécue avec un homme.

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D’un autre côté, il est inspirant de constater que les ressentis de ces femmes vis-à-vis de la société patriarcale se rejoignent à l’unisson. Elles ont toutes un vécu similaire, le même sentiment d’injustice, la même attitude intrépide quand elles font leurs collages… Riposte Féministe devient alors un reflet de la société actuelle, à travers tous ces collectifs qui se multiplient en France depuis quelques années, dans la droite lignée du mouvement #MeToo.
Au cœur du film : la mission que se donnent les membres de ces collectifs ; celle de se réapproprier l’espace public avec leur action de collages. Même si les affiches sont arrachées quelques heures plus tard, et qu’on ne peut plus lire le message en entier (parfois, on peut encore le deviner), elles auront au moins laissé une trace, dans un espace habituellement occupé par « l’homme blanc cisgenre », pour reprendre leurs propos. En somme, c’est une action éphémère, mais qui se perpétue dans le temps.
Les spectatrices femmes se sentiront probablement plus concernées par le sujet abordé dans Riposte Féministe. Concernant les hommes – si tant est qu’ils aient la curiosité de se déplacer dans un cinéma pour le voir -, ce documentaire pourrait déclencher une vraie prise de conscience sur le quotidien des femmes, notamment le harcèlement de rue subi au quotidien. Au vu de la légère redondance de certains discours, le long-métrage a une durée optimale : 1h27. Quelques minutes de plus auraient été de trop. Hormis cet élément, Riposte Féministe a totalement sa place au cinéma, et devrait être vu par le plus grand nombre. Un film important et nécessaire.
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16 / 20
Fanny BL
Film présenté en séance spéciale au Festival de Cannes 2022

C’est vrai qu’on parle pas beaucoup des docus féministes et celui-ci malgré de sa manque de contextualisation, donne un aperçu dans la vie quotidienne de ses femmes et ce qu’elles subissent, et passe le message: la lutte contre le patriarcaca est indispensable (et que le début) pour abolir des relations de domination dans tous ses formes
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J’imagine que le documentaire t’a plu à toi aussi 😉
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